Projet Klee | Corpus Graphique

Lors de ma seconde année de Master, j’ai eu l’occasion de participer à différents workshops autour des Esquisses Pédagogiques de Paul Klee et de réaliser un certain nombre d’expérimentations graphiques. J’ai ensuite regroupé toutes ces expériences au sein d’une petite édition à l’allure de journal de bord.

 

 

 

 

 

À partir des Esquisses Pédagogiques, réunis en 1925 par Lazlo Moholy Nagy et Walter Gropius, j’ai regroupé différents principes théoriques enseignés par Paul Klee au Bauhaus : la ligne, le mouvement, l’équilibre ou encore la couleur. J’ai exploré graphiquement tous ces concepts à l’aide de formes élémentaires, ce qui permettait de garder une cohérence avec les leçons de Paul Klee. J’ai travaillé sur les textures, les motifs, les contours ou encore en design génératif tout en y associant des expérimentations personnelles, des références historiques et des annotations. Ces éléments doivent permettre au lecteur de porter un nouveau regard sur les apports de l’enseignement graphique de l’artiste.

Comment se présente l’objet ?
Un petit format allongé de 210 x 130 mm, sa couverture simple, marron aux bords arrondis, son poids, son épaisseur ou encore sa reliure : tout rappelle ici un carnet de notes, de voyage ou… de recherche. Le genre de journal que l’on garde toujours sur soi. À qui appartient-il dans ce cas ? Le papier intérieur est fin, légèrement teinté et transparent, on y distingue de petits défauts. Peut-être a t-il vieilli ? Il a vécu, sans doute. L’ensemble du carnet est tracé de lignes qui semblent légèrement effacées.
La typographie utilisée est la Questa Grande, la plus élégante de la famille Questa. Inspirée du travail de Giambattista Bodoni et de Firmin Didot, cette typographie est donc ancrée dans le 18ème siècle, siècle des Lumières. L’esprit des Lumières cherchait à promouvoir les connaissances et les sciences. L’édition est entièrement en noir et blanc, ce qui sied fort bien à son aspect de journal de notes et à la typographie choisie.

L’édition est séparée en quatre parties. elles font références aux différentes parties des Esquisses Pédagogiques de Paul Klee, mais ici elles ont une dimension scientifique : Expériences, Observations, Analyses et Conclusion. Chaque partie commence par une carte heuristique hétérogène. Chacune se compose d’un assemblage de formes et de mots clés qui condensent chacun des exercices du chapitre correspondant. À l’image du travail de Thomas Couderc et de Clément Vauchez pour la saison 2007 du Lux, scène nationale de Valence, ces cartes invitent l’œil du lecteur à s’y déplacer, à s’y perdre. Ces formes abstraites, hiéroglyphes ou pictogrammes, lui permettent de faire travailler son imagination (à la fin de cette édition, un tableau de correspondance permet de retrouver la numérotation des leçons de la publication historique de l’artiste pour chacune des quatre cartes)
À l’intérieur de ces parties, chaque double page correspond à une journée de recherche et présente les spécimens découverts, en les associant par mot clés selon leur type (ex : actif, passif, intermédiaire, etc.) et en leur attribuant une lettre. J’ai choisi de ne pas placer trop de mots clés par page et d’utiliser des lignes en pointillés pour les relier aux spécimens pour faciliter la lecture. Le texte que l’on retrouve en début de chapitre définit certains mots clés.

Du fait de la volonté de recréer un carnet de recherche, la mise en page n’est pas stricte, elle joue sur de l’asymétrie. Les différentes masses sont réparties de manière à maintenir un équilibre sur la page tout en jouant sur leur diversité. Les formes ont alors l’air d’avoir été placées de manière aléatoire, des éléments sortent parfois des marges, il ne semble pas y avoir véritablement de structure, ce qui crée une rythmique bien spécifique. Les pages de références sont néanmoins basées sur la même structure, et le titre de chaque page, encadré en haut à gauche apporte une certaine unité entre les pages et renforce la hiérarchie entre les différents éléments. Le contraste fort du noir et blanc offre également une unité et amplifie l’impact visuel des formes.

Le choix des cercles pour encadrer les spécimens rappellent le milieu scientifique : on peut imaginer que l’on regarde ces découvertes à travers une loupe ou une boite de pétri.
J’invite alors le lecteur à interroger ces expérimentations graphiques, traitées ici comme des découvertes scientifiques à disséquer et à étudier.